Syrie / Métal, savon, pierre | Payram

Une traduction de l’absence en image, de la sensibilité d’un homme en exil
À Damas, dans le vacarme sonore des travailleurs de fer, Payram, photographe iranien né à Téhéran en 1959, s’évade. Il s’immerge dans un souvenir d’enfance, celui de son père qui l’accompagne au bazar de métal à Téhéran. Le même désordre bruyant, les mêmes cliquetis. Ce souvenir est le point d’ancrage du long travail photographique « Syrie / métal, savon, pierre ». À chacune de ses déambulations, une mémoire renaît, éveillée par les sens du photographe. À Alep, il redécouvre l’odeur enivrante de la savonnerie, celle des savons que sa mère achetait sur le marché de Maragheh. Les carrières de pierres syriennes, quant à elles, font écho aux conseils de sa grand-mère sur le chemin de l’école. Il devait détourner le regard au risque d’éclats.
Ce voyage en 2001 marque un tournant dans la vie du photographe : réfugié politique, chassé par l’avancée islamique d’iran en 1983, Payram n’est alors jamais revenu sur sa terre natale. À 24 ans commence une vie d’exilé à Paris, et la photographie en devient son moyen de communication. 20 ans plus tard, la Syrie réanime en lui la fissure du souvenir, le poids de la mémoire. Et c’est par le prisme d’une approche sensible, et non historique, qu’il a voulu saisir spontanément les lieux, paysages, habitants d’un pays qui lui rappelait le sien.
« Syrie / métal, savon, pierre » est une traduction de l’absence en image, de la sensibilité d’un homme en exil. La photographie argentique en devient une extension de son esprit.
Jusqu'au 1er mai 2016 à Stimultania - 33 rue Kageneck à Strasbourg - Entrée libre du mercredi au dimanche de 14h à 18h30 - En savoir plus ? - Y aller